Partie 1 - La transformation de Nele
Il avait été frappé par l’onde de choc d’un impact de météorite et avait développé des pouvoirs de destructions si puissants qu’il était devenu l’être le plus dangereux de la planète.
Malheureusement, cet individu n’était qu’une victime de ses capacités et était devenu coupable de plusieurs meurtres, dont le premier fut son jeune neveu de 4 ans, avec lequel il voulut taper dans sa main. Ce dernier fut alors désintégré instantanément.
Dans la colère et la tristesse de sa famille, il ne put s’empêcher de se recroqueviller sur lui-même, frappé par les siens, battus à mort jusqu’à ce que son instinct de survie ne le rattrape et désintègre l’intégralité de la zone, soit cinq cents kilomètres à la ronde. Perdant foi dans sa propre humanité, culpabilisant d’avoir tué autant de monde sans n’avoir jamais eu l’intention de faire du mal, il a été condamné à l’emprisonnement à vie, dans la prison PHSE, la Prison de Haute Sécurité et d’Expérimentation où il consentit à être le sujet de test d’expérience.
Un simple geste de la main, un simple coup de poing vers l’avant et c’était une onde de choc de plus de cent kilomètres de longueur qui pouvait détruire en un instant autant de béton armé d’épaisseur.
Ses gestes étaient à eux—seuls plus puissants qu’une dizaine de bombes nucléaires au point d’impact.
De nombreuses expériences furent faites et déterminèrent que ce sur—homme était capable de détruire l’intégrité physique de la planète entière s’il venait à s’y essayer. Dans cette optique, il fut décidé par les Etats du monde entier, ne pouvant se résigner à tuer une telle évolution, d’envoyer le condamné en orbite lunaire, dans la Prison Lunaire Secrète, construite pour l’expérimentation illégale et la détention de personnalité trop dangereuses ou que l’on souhaitait voir disparaître sans laisser de traces.
Aucun scientifique ne put jamais expliquer de quelle origine la météorite qui l’avait frappé avait pour origine, mais ils retrouvèrent dans ses gênes modifiées, une trace minime d’une radioactivité extrêmement condensée, étrangère à tout ce qui avait pu être analysé dans le système solaire.
Ses cellules se reconstituaient et évoluaient à chaque piqure, à chaque entaille, à chaque année passée, ci-bien qu’il détînt en plus de la surpuissance, la longévité tant rêvée par l’humanité.
Suite à des guerres entre les Etats sur Terre, les relais orbitaux cessèrent de ramener à la PLS les vivres nécessaires à l’entretien, et rapidement le personnel disparu, laissant mourir les quelques prisonniers; donnant lieu à une prison fantôme où le seul résident était le sur-homme qui survivait malgré lui à la fin, tant son évolution l’avait poussé à se passer des besoins vitaux d'un humain.
4 siècles plus tard, tandis que les guerres avaient ravagé la surface de la Terre et que les dernières civilisations reconstruisirent leur monde, bâtissant et érigeant à nouveau les grattes ciels, installant de nouveaux les satellites orbitaux et intégrant à leur nouveau système humanitaire les technologies qui avaient fait l’apogée de l’ancienne humanité, le signal de la PLS qui n’avait alors jamais cessé d'émettre, fut capté par les derniers radars terrestres.
Ce qui se trouvait là-haut était loin de ressembler à l’homme qui avait malencontreusement éliminé sa famille. Il était devenu une entité, une évolution de l’homme qui ne pouvait plus être définie par le terme d’humanité. Il était devenu le seul représentant d’une espèce à la force et la longévité des mythes de l’antiquité.
Ce jour-là, lorsque les premiers cosmonautes de ce nouvel ère accédèrent au sas de la Prison Lunaire Secrète, ils y découvrirent un endroit totalement sain, dont quelques amas de poussière de vieux squelettes flottaient dans l’air, et dont la gravitation qui avait été supprimée par manque d’énergie dans le réacteur laissait flotter tous les ustensiles qui n’avaient pas connus de dégradation temporelle.
C’est alors qu’ils arrivèrent devant une chambre forte, celle qui n’avait ni de poignée, ni de clenche, ni quoique ce soit qui permettait d’ouvrir la pièce et d’accéder à son intérieur.
Ils décidèrent tout de même d’employer la force pour créer une brèche et accéder à ce qui avait pu être laissé de l’autre côté de ce mur. Après plusieurs tentatives, échouant à ébrécher cette paroi, ils rentrèrent sur leur station spatiale et rendirent des comptes à leur supérieur, mentionnant qu’une pièce de la PLS avait été optimisée pour qu’aucun explosif ne puisse fracturer cette chambre. Pourtant, les plans retrouvés sur place justifiaient de l’existence de cette zone, comme étant une chambre, une détention ou peut être un stock de ressources diverses.
Une fusée fut envoyée plus tard pour apporter les vivres nécessaires à bord de la station ainsi que la dernière arme de destruction qui était censée démolir le mur indestructible de la prison lunaire.
A leur arrivée, ils furent obligés de condamner l’intégrité de la Prison Lunaire Secrète pour que les conditions d’explosions de leur nouvelle bombe puissent être respectée.
Le souffle de la détonation pulvérisa toute la coque externe de la structure, et réduisit au néant le mur d’enceinte qui avait jusqu’alors résister à tout.
Quand ils revinrent observer le résultat et découvrir ce qui se cachait de l’autre côté du mur, ils furent surpris de découvrir le vide absolu. Il n’y avait rien, et peut être plus rien depuis longtemps. Mais quand ils se résignèrent enfin à abandonner ces vaines recherches, un phénomène impensable eu lieu.
Dans le vide sidéral qui abritait dorénavant la PLS, un bruit fut émis, un bruit très aigu, strident, se propagea à travers du vide, chose qui n’avait pas d’explications, jusqu’aux oreilles des astronautes. Ce bruit les effraya autant que ce qu’il vit. Dans ce qui semblait être un vide total, une forme humanoïde apparut. C’était comme si elle avait toujours été là, mais qu’elle se décidait seulement à sortir de l’obscurité, de l’invisible.
C’était là le portrait craché d’un être humain. A s’y méprendre, il n’avait de différence, que le manque cruel d’organes faciaux, tels que les yeux, la bouche ou encore le nez. Non, c’était bien là une tête, mais sans la moindre structure visuelle. Cette chose qu’il nommèrent ONI, pour Objet Non Identifié, restait immobile. Les analyses radioactives ou organiques restèrent au seuil le plus bas, et rien n’expliquait qu’une chose pareille ait pu résister à la déflagration de leur bombe.
Malgré tout, ils ramenèrent ONI à la surface de la planète, pour être analysé. C’était là une part de l’héritage de l’ancien monde.
En posant le pied au sol, les terriens virent un étrange phénomène se produire. Le visage de ONI se formait, et de la forme de la tête se dessina un nez, une bouche et des yeux. Les oreilles suivirent rapidement, puis des cheveux poussèrent de sur le crâne et une pilosité apparue sur les membres principaux. Dans un second temps, l’organe reproducteur humain apparu entre les jambes, d’abord les boules, puis la verge poussa au travers comme une plante ou une poterie qui se modelait elle-même. Sous la surprise des scientifiques, l’armée prit des mesures défensives strictes.
Ils commencèrent à l’emprisonner dans une cellule d’isolement et à tenter de communiquer avec lui.
Les premières tentatives échouèrent jusqu’à ce qu’une femme s’approchait de la fenêtre qui la séparait d’ONI. Ce dernier se leva et s’approcha de la paroi transparente.
Il articula quelques mots.
« Mon nom est Nele. »
La langue dans laquelle il s’exprima était un dialecte de l’ancien monde, disparu définitivement aux alentours d’une cinquante d’années après la fin de la guerre. Mais la science ayant rattrapé les lacunes du passé, la traduction fut rapide et les humains curieux autant qu’envieux de telles capacités se décidèrent rapidement à agir contre l’intégrité de cet être afin d’en apprendre plus sur son métabolisme.
ONI, ou bien Nele, commençait à regarder autour de lui, comprenant qu’il était enfermé. Il ne se souvenait plus de son ancienne vie. L’humain qu’il était avait disparu autant que ses souvenirs, mais cette évolution qu’il représentait était quant à elle curieuse et intelligente. Dotée de conscience qu’elle avait hérité de l’humanité qu’elle était jadis, se mit à réagir à son environnement.
Sous les soldats postés là pour garder la chambre forte, Nele utilisa son index et dessina un drôle de dessin sur la vitre. Ce dernier représentait une porte, autour de laquelle se trouvait deux fleurs. Quand il eut fini, ONI claqua des mains très doucement.
Le dessin prit forme, la vitre se désintégra littéralement au niveau du dessin et des deux gardes il ne restait plus qu’un tas de poussière qui, au sol, formèrent de belles rosaces.
L’alerte fut lancer, et les premières balles fusèrent dans la direction de l’étranger.
Comme rien ne l’atteignait, un missile, puis un autre. L’armée s’abattit de toute sa force militaire contre cet être surpuissant. Mais rien n’y faisant, ils décidèrent d’envoyer la même bombe que celle qui avait permis d’ouvrir la PLS. Quand cette dernière explosa, elle balaya tout ce qu’il y avait autour d’elle sur des dizaines de kilomètres à la ronde.
C’est alors que Nele répliqua. La déflagration ne l’avait qu’à peine effleurée, et la destruction qu’elle engrangea n’était rien en comparaison de ce qu’il s’apprêtait à faire.
C’était là de la colère, ou peut-être, de l’imprudence. Les quelques témoins qui purent l’observer de très très loin auraient pu témoigner de ce qu’ils avaient vu avant qu’il ne termine son geste.
« ONI devint d’un bleu brûlant les yeux, L’air autour de lui flambait et s’échappait vers les cieux. Le sol, quant à lui, se brisait à ses pieds et s’élèverait à hauteur de ses genoux, tournoyant autour de son être. Ses mains, à l’opposée l’une de l’autre, se rapprochèrent doucement vers l’avant. Entre elle, quelque chose d’inexprimable se formait et plus les mains se rapprochaient, plus il était évident que ce qu’il se passait devant ONI était la raison qui nous conduirait tous dans l’autre monde. »
Un autre aurait pu ajouter s’il eut le temps de s’exprimer.
« Si divin il y eut en cet univers, sa toute-puissance se trouvait là, dans le corps de cet être. Ou bien peut-être était-ce le mal ? Quelque chose d’opposer à ce en quoi d’autres croyaient ? Il m’a été donné le temps de voir ce qu’il y a de plus dangereux dans l’univers. Oui, je ne pourrais jamais imaginer qu’il y ait plus grande puissance que ce qui fendit mon cœur et aveugla mon regard à ce moment. »
L’instant fut bref, et l’humanité ne fut pas la seule à disparaître. Lorsque les mains d’ONI se réunirent à l’instant où ses paumes se touchèrent, le temps aurait dû s’arrêter pour qu’à jamais nous contemplions la beauté de ce qui prend sens dans le terme Destruction.
Il n’y aurait pas de mot que l’humanité aurait pu inventer pour définir ce qu’il se passa à cet instant. Non, il n’y a que des mots pour contempler les conséquences de cet acte insignifiant.
Là-bas, loin de la voie lactée, avec un appareil de vue à très longue distance. Un être, un seul être, un ancien humain, touché par le souffle d’une météorite inconnue, se transforma, évolua et condamna les siens. Il oublia les siens, oubliant son humanité, ne pouvant croire en sa propre nature et défaisant à cet instant précis, les hommes et les femmes de l’histoire du Cosmos.
La voie lactée disparu en une fraction de seconde, moins encore, ravagée par la toute-puissance d’un être indescriptible qui portait le nom de Nele.