Partie 12 - Lenzy pour un temps


Nele vit l’astéroïde fracassé la terre et répandre la destruction autour de lui comme cela était déjà arrivé une première fois. Mais tandis que ses mutations changèrent son corps à tout jamais, il s’étonna de ce qu’il vit après le clignement de ses paupières. Ce n’était plus ni la désolation ni la civilisation, mais plutôt une étendue verdoyante dont des arbres multicolores peignaient un tableau à la flore atypique. Ces vives couleurs et ce calme ambiant l’intriguait et l’interrogeait. Se pouvait-il qu’il rêve ?
À quelques pas de là, sur sa gauche, il aperçut un individu et remarqua bien vite qu’il n’avait rien de commun avec ceux qui avaient disparus depuis maintenant quelques secondes. Il se pinça et ressentant la brève douleur qu’il s’infligea, Nele observa la compagnie qui lui tournait le dos jusqu’alors.

L’autre s’étirait dans un sens et dans l’autre en faisant fi de sa présence. Tandis qu’il tendit le bras en sa direction, ses doigts ressentirent une surface métallique froide. La pression de sa paume sur l’épaule de l’inconnu le fit se retourner.

- Ah ! tu as repris tes esprits ? Je suis Lenzy, enchantée ! Tu n’imagines pas ma joie d’avoir réussi !

S’exclama l’inconnue efféminée. Son corps à peine habillé laissait paraître une apparence exclusivement métallique, comme robotique même. Malgré tout, certaines traces de maquillage ou de déguisement abîmés jonchaient quelques parcelles de son armature et sa voix semblait naturellement celle d’une femme.

- Je n’ai plus l’habitude d’être à ce point dévisagé. Je m’excuse pour mon apparence, je vais immédiatement remédier à cela. Laisse-moi un petit instant pour réactiver la peau synthétique et le maillage visuel. Encore un instant… Et… voilà.

En quelques secondes, l’armure se recouvrit entièrement d’une couche de peau. Elle semblait bien réelle malgré qu’elle apparût petit à petit sur son corps comme une pâte recouvrait une plaie. Nele resta intrigué, stupéfait et sacrément sonné.

- Où suis-je ? Qui êtes-vous ?
- Tu peux me tutoyer. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble même si cela t’a paru bref. Je m’appelle Lenzy et je viens du futur. Enfin d’un lointain passé maintenant.
- Je ne comprends pas…
- Lorsque l’astéroïde à frapper la Terre et t’as transformé, j’étais présente. Je suis moi-même terrienne. La seule différence vient du fait que je venais du futur. Un futur où ta disparition changea la face du monde autant sur le plan physique de notre planète que sur la mentalité des États. Alors cette fois-ci, ce sera différent. Même si tu ne te souviens pas de ton futur, le fait de t’avoir soustrait à l’équation où « tu détruits tout », permettra à la Terre d’avancer vers un avenir différent. Un futur sans toi ni moi.
- Mon futur. J’étais avec cet observateur au grand œil, me parlant d’un maître, puis, je suis revenu dans le passé, et me voilà… dans le futur ?
- Impossible...
- Je ne comprends pas bien ce que vous racontez, mais je peux affirmer me souvenir de la destruction et de la disparition de l’humanité dont je suis responsable jusqu’à cette rencontre avec l’Observateur.

Lenzy restait immobile et silencieuse. L’hypothèse qu’elle avait émise sur l’unicité de la temporalité serait-elle fausse ? Avait-elle réussi à voyager dans le temps malgré tout ? Cela avait-il créé différentes versions du temps ? Si Nele pouvait se souvenir de ce qu’il s’était passé des milliers d’années durant, alors la version d’elle-même ne serait qu’une version d’innombrable temporalité. Aurait-elle créée une boucle temporelle de part son voyage dans le temps ?

- Te souviens-tu de moi ? Questionne-t-elle tremblante d’excitation et d’angoisse.
- C’est la première fois que je vous vois.

Elle replongea dans ses songes et se convaincu aussitôt qu’elle était le fruit d’une version temporelle différente. Puisque Nele avait vécu jusqu’à la destruction de l’humanité, alors si elle avait appartenue à cette ligne temporelle, ils auraient déjà fait ce saut dans le temps, et il n’aurait pu vivre ce dont il dit se souvenir.

Avec un grand sourire, elle se mit les mains sur le visage s’exclama :

- Je me suis trompée ! Totalement trompée ! Mes calculs étaient tous faux et mes idées étaient toutes basées sur une hypothèse erronée !


03/01/2021