Creiper Partie III : Le Réveil du Roi

Au cœur de la Montagne Sacrée, où repose, enfermé dans un cristal, le corps du Gardien, gît dans un sarcophage, le Roi démoniaque responsable de l’asservissement de l’humanité et de l’annihilation des espèces minoritaires lors de la dernière grande guerre.

Quand les quatre seigneurs démoniaques furent vaincus sur le continent, et que chacun des quatre sceaux furent brisés par les Creiper, alors du sommeil s’élevèrent des démons, et le Conseil du Roi refit surface pour la première fois depuis deux cent ans. Ils avaient été enfermés avec leur Roi par le Gardien pour préserver l’humanité et déclarer une paix durable entre les vainqueurs et les vaincus. Les démons, dirigés par leur Roi, perdirent leur pouvoir lorsque ce dernier fut fait prisonnier d’une puissante magie, mais leur nombre et leur férocité leur assurait une écrasante victoire sur les frêles Hommes. C’est alors que naquit le Conseil du Roi, qui s’entretinrent avec le Gardien et pactisèrent pour la sauvegarde de l’humanité ou le retour du Roi Démon.

- Grand Prêtre, notre réveil ne présage rien de bons.
- Les corbeaux rapportent le décès des quatre. Fit un démon qui s’avançait vers les autres.
- Combien de temps cela fait-il depuis la guerre ? Questionna le plus grand dont les parures et la longue robe le distinguait des autres et qu’ils appelaient Grand Prêtre.
- Deux siècles se sont écoulées. Le Gardien vit un repos éternel dans le cristal de cette Montagne, Grand Prêtre.
- Qu’en est-il de Cendre ? Questionna un quatrième.
- Ne prononcez pas ce nom aussi impunément. Notre Roi doit être éveillé. Tel était le pacte. Nous n’avons pas oublié l’Accord passé avec le Gardien. Notre présence à tous en ce jour signifie que les humains ont bafoués la parole de notre seul véritable opposant. Justifia un cinquième dont la tête était ornée d’un museau squelettique de loup.
- L’heure est venue de réveiller le Roi Démon. L’humanité doit allégeance à notre espèce. Ajouta un sixième aveugle.
- Ecoutez-moi tous ! reprit le plus petit du Conseil inquiet, quatre d’entre nous ont disparus.
- Laissez-moi deviner, ce sont ceux-là même qui ont tenté de trahir notre Roi jadis. Reprit le messa
ger. - Nous sommes dévoués à notre Roi. Nous ne vivons que pour accomplir son retour et être délivrés de nos chaînes pour qu’il recouvre tous ses pouvoirs. Notre Seigneur redonnera alors un sens à ce monde ravagé par la cupidité de l’humanité. Puisqu’ils ne seront pas là au réveil de leur Roi, ils seront ses ennemis et je ne doute pas qu’il s’en occupera de lui-même.
- Vos mots sont sages, Grand Prêtre.
- Entamons le rituel, et réveillons le plus puissant d’entre nous, notre créateur, notre Roi.

Les six conseillers, d’anciens commandants encore présents se retrouvèrent dans la salle du sarcophage où leur roi était enfermé et endormis par une puissante magie. Devant eux, dans le cristal qui formait cette Montagne où ils avaient tous été enfermés, se trouvait le repos du plus puissant et unique adversaire des Démons, le Gardien Flocon qui enferma jadis les forces démoniaques dans cette boîte, privant à ce monde, toute la magie des créatures maléfiques.

« Defeiros, Apeiros, Natoros, Veyiros, Guanos et Boniros, en nos six noms j’invoque le retour de notre Roi. Que ma vie loue notre Seigneur ».
« Que ma vie loue notre Seigneur ».
« Que ma vie loue notre Seigneur ».
« Que ma vie loue notre Seigneur ».
« Que ma vie loue notre Seigneur ».
« Que ma vie loue notre Seigneur ».

Alors chacun des six Conseillers du Roi se munirent d’une dague et se penchèrent au-dessus du sarcophage, enfonçant doucement la lame au-travers de leur gorge, laissant couler abondamment leur sang sur les rainures de la boîte de cristaux, close.
Le liquide se déversa sur la totalité de la surface se mélangeant et pénétrant les quelques trous qui juxtaposait les verrous aux mécanismes magiques.

Quand tous furent tombés au sol, raides morts, les verrous se mirent à se déverrouiller et tout le sang fut aspiré vers l’intérieur. Des bruits s’échappèrent de l’intérieur de la prison, des craquements d’os, des déchirements de chaires, et enfin, la fissure du couvercle qui vola en éclat. De l’intérieur, allongé de tout son long, le Roi Démon s’éveilla, ses yeux s’ouvrirent et son regard parcouru le cristal brillant qui demeurait partout dans la pièce. Il se leva sans effort, comme attiré en-dehors de cet étroit espace, et fit face à ses subordonnés qui venaient de se donner la mort.

Il observa son corps, se toucha et palpa ses membres, il ne rêvait pas. Il était bien là, face au bain de sang des siens. Quand il se retourna, il aperçut le cristal dans lequel gisait son ennemi juré, le Gardien Flocon. Les années de conflit l’avaient rapproché de cet individu en qui il vouait à la fois haine et amour.
- Tu as mauvaise mine, Gardien. Ma résurrection annonce bien des maux à venir. Mais cette fois-ci, Gardien, tu ne seras pas là pour t’opposer. Je dévorerai autant d’humains que de jours qui se sont écoulés depuis que tu m’as enfermé. Et s’il reste quelques individus de ce pauvre peuple que tu voulais tant protéger, je viendrai recouvrir cette montagne de leur corps et de leur sang. Je t’en fais la promesse. En ta mémoire, je garderai pour nom celui que tu avais si bien employé jadis : Cendre.

Il s’approcha des cadavres des siens et récupéra un message au pied de l’un d’eux. Il s’agissait du rapport des corbeaux, mentionnant l’assassinat de quatre seigneurs démons et de la destruction des sceaux qui le gardait prisonnier. Il était également mentionné dix démons du Conseil pour le rituel de libération, et c’est à ce moment-là qu’il comprit ce que cette scène pittoresque signifia.
Lorsqu’il quitta enfin la Montagne Sacrée, que la lumière du jour l’atteignit pour la première fois depuis la fin de la guerre qu’il avait engendré, Cendre fut pris d’une terrible douleur qui le fit tomber au sol et parcourra tout son corps. Il commença à trembler et à se briser. Puis sa chaire se calcina, et ses os à l’air se mirent à se recouvrir d’une épaisse membrane noire qui remplaça sa frêle peau. Ses yeux qui n’avaient plus eu la lumière du jour fondirent dans orbites, et des nerfs optiques se construisirent des yeux sombres dont la pupille rouge-vive se dessina aussitôt. Enfin, les extrémités de ses membres déformés par le temps se changèrent en l’être qui l’était jadis, à l’apparence d’un homme, dont ses pattes avant et arrières laissèrent place à deux bras et deux jambes à l’allure normale et aux caractéristiques uniques. Ses membres se métamorphosaient à sa guise en forme et en éléments qu’il souhaitait. Sa force, quant à elle, avait été décuplée suffisamment pour qu’il puisse broyer un tronc d’arbre à main nue.
- Gardien, ton entêtement n’a fait que précipiter ce monde à bien plus de chaos que je n’envisageais jadis. Prépare-toi à accueillir d’innombrables victimes dans la mort. Cette fois-ci, rien ne pourra m’arrêter.